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Tiré de Le Cas Torze
Perspectives XIV - numéro 917
Noir = Jocelyn
Bleu = Mélanie

Quatre à Stophe
par Jocelyn Gagnon et Mélanie Cossette-Gagnon
2 janvier 1993

Le bébé avait fait au journaliste une des plus horribles grimaces que ce dernier eût photographiées de sa vie. Le lendemain, le fruit pelliculaire de cette distorsion faciale faisait la deux du Cas fouilleur, permettant aux faims et aux fous de scandaler allégrettement.

À la télé, un mois plus tard, on organisa le concours du «Plus laid bébé de l'année» que notre adorable poupon remporta épleinnemment bas-la-main, puisqu'il n'avait eu qu'à faire un pied-de-nez. Ce n'était pourtant pas les concurrents de taille qui manquaient: l'un d'eux s'était aspiré les lobes d'oreilles avec les narines, un autre s'était léché lui-même un triangle sur le front (devant les yeux bouche bée de ses adversaires), un autre était même parvenu à s'enfler la tête par un processus respiratoire inusité. On se passait le détecteur de mensonges aux yeux et aux oreilles pour être sûr de bien les croire! C'était à vous rendre la luette aveugle! …enfin… c'était lui qui avait gagné. Il faut dire que ce n'est pas tous les jours qu'un bébé se met les orteils dans le nez en enroulant sa langue autour de son nez et en cachant les orteils qui restent avec ses paupières! Puisque quelques détails scabreux sont toujours utiles à la poursuite d'un récit, mentionnons que la fameuse grimace occasionna au nourrisson défiguré de douloureux cils incarnés ainsi que des problèmes de langue d'athlète. Ouch!!

Bientôt, le centre-ville eut l'air d'avoir été envahi par des mutants. En effet, voyant les exploits de ces jeunes contorsionnistes par l'entremise du journal ci-haut cité, on ne pouvait faire autrement que de se retrouver tantôt les joues exorbitées, tantôt les dents retroussées.

Il fallut avoir recours aux aveugles du pays pour rétablir la situation. Au bout de quelques jours, tout le monde se mit à brailler. On leur avait ouvert les yeux sur la dure réalité: des torrents de sang et de larmes ruisselaient des paupières trouées qui présentaient des lambeaux de chair dégoulinants (burps!) Voyant cela, la réalité s'amollit.

L'univers n'était plus d'un gigantesque potage rempli de grumeaux immondes qui auraient fait lever le cœur à l'homme de fer du «Magicien d'Oz». Et la volonté humaine, un jello sans saveur qui ne trouvait même plus la force de trembloter. Les dents de laid du bébé lauréat s'esclaffaient devant la décompotagiture du cosmos.

Quand il fut en âge de comprendre qu'il avait causé la perte de la race humaine, il se mit à pleurer à tièdes larmes devant le peu d'avenir qui lui restait. Il n'avait plus qu'à se faire cuisse-tard, la seule tâche qui lui subsistait étant de démottoniser le potage universel poivre.

Le jour (= pas soir) lui permet de garder ces caillots en un lieu amer: la plage de son disque. Île en fût sous l'âgé. Se lever (= pas ça soir) puis attendre la recomposition dudit sque, voilà ce qu'il lui fallait faire, fiv ou pas. Il fit voler en éclats ce qui restait de la gélatine psychique, un tabac se produisit alors et du bois oie-rond.

Le reste de sa vie fut un an en fer. Mais-t-alors qu'il allait mourir, il put apercevoir le signe ultime de son pardon: dans le ciel sans couleur, sans plume ni fontaine, gisait un romanesque grumeau rejeton du peau-t-âge. Les carottes étaient Q.I.-tes… et lui, désormais incapable de gris-masses (éléphantesques).


© 1993
Jocelyn Gagnon et Mélanie Cossette-Gagnon

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