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Date: Fri, 20 Oct 2000 08:49:13 -0400 (EDT)
From: Poivre Mat
Subject: BLAGUES-L: Vingt-deux bons moyens d'enterrer une idee


Date: Sat, 05 Feb 2000 16:22:32 GMT
From: ET8338
Newsgroups: fr.rec.humour, fr.usenet.forums.evolution

[...]

Pendant que nous y sommes, dans le but de faciliter les argumentations
diverses et avariées, je vous reposte une méthode qui a fait ses preuves ...

Pour faciliter la compréhension de tous et pour éclairer le débat, je propose
qu'une balise soit mise pour indiquer le moyen utilisé. Ex : [item 5].



Les idées nouvelles.

Au terme d'une carrière riche d'incompétence et fructueuse en terme de
routine, de comportement grégaire et d'attitude rétrograde, il me faut vous
faire partager ce que j'ai pu comprendre de la vie d'entreprise..

L'un des mystères de l'histoire.

Ce sont les idées qui ont fait passer notre espèce des arbres aux grottes et
des grottes aux maisons. Ce sont elles qui nous ont procuré la nourriture, les
vêtements, les moyens de transport et les distractions, elles, encore, qui
nous ont donné la puissance, la mobilité, le confort matériel et un héritage
intellectuel sans commune mesure avec ce que nos aïeux pouvaient concevoir.

Il est donc excusable de présumer qu'avoir des idées c'est s'assurer célébrité
et popularité.
En est-il ainsi ?
Un coup d'oeil sur les pages de l'histoire suffirait à ruiner cette illusion.
A travers tous les ages, la meilleure manière de se couler a été d'avoir une
idée et d'être assez téméraire pour en faire état.
On vous élèvera une statue quand vous serez mort, au terme d'une existence qui
risque fort d'avoir été brève et pleine de traverses. On vous aura traité d'
hérétique, de fou, de révolutionnaire, de réactionnaire ou de réformateur,
mais selon toute probabilité, vous n'aurez pas eu à le supporter longtemps.


Les idées sont gênantes.

C'est facile à comprendre. Il est déjà difficile de s'accoutumer au présent et
on n'y parvient d'ordinaire que lorsque c'est déjà du passé.
Aussi est-ce importun et gênant d'offrir aux gens les moyens d'être plus
riche, par exemple, alors qu'ils sont tout entiers occupés à s'efforcer de
saisir les inquiétantes implications de quelque chose qui s'est passé 
l'avant-dernière année.

Quelle défense opposer aux effets perturbateurs des idées ?
Il n'y en a qu'une : l'attaque.
Le discernement instantané, l'action décisive, la concentration annihilante de
la puissance offensive, exploitez tout cela avec jugement, courage et vigueur.
Ne faites pas de quartier. L'idée qui fait surface, vous allez pouvoir 
l'envoyer par le fond sans qu'il en reste de trace ni de ride sur l'eau, rien,
pas le moindre souvenir de ce qui a failli être.


Vingt-deux bons moyens d'enterrer une idée.

Voici quelques-uns uns des moyens de vous y prendre. Il y en a certainement
d'autres, mais ceux-ci sont éprouvés par une pratique séculaire, ils sont
garantis et pour ainsi dire certifiés. Ils ne vous trahiront jamais, quelles
que soient les circonstances, face à toute idée qui vous serait suggérée.

1.- Ignorez-la.

Opposer un silence de mort à toute proposition démontera son auteur à moins
qu'il ne soit des plus coriaces.

2.- Voyez-la venir et éludez-la.

Vous pouvez pressentir la venue d'une suggestion à la vue de l'embarras et de
l'anxiété de celui qui se prépare à vous la soumettre, et vous lui éviterez
d'éprouver de la gène et finalement de l'humiliation en agissant promptement.
Changez de sujet, ou mieux, levez la séance.

3.- Traitez-la par le dédain.

Lever les sourcils avec un doux étonnement en disant : « Vous ne dites
sûrement pas cela sérieusement ? »  fait merveille. Dans les cas graves,
ajoutez à intelligible voix « absolument irréalisable ». Il est essentiel de
faire vite ; repoussez la suggestion avant qu'elle ait pu être bien exploitée,
sans quoi elle risquerait d'apparaître, somme toute, réalisable.

4.- Tournez-la en dérision.

Dites en riant « Oh ! Elle est bien bonne, mon vieux. Vous avez dû veiller
toute la nuit pour avoir cette idée-là. » Et si tel est le cas, ce n'en est
que plus drôle.

5.- Assassinez-la d'éloges.

Quand vous aurez porté au nues pendant cinq minutes les mérites de la
proposition, elle sera prise en haine par tout un chacun, et deviendra
suspecte même aux yeux de son auteur.

6.- Soulignez qu'elle n'a jamais été mise à l'épreuve.

S'il s'agit d'une idée vraiment neuve, ce sera vrai ; mais faites valoir que
si elle était valable, on l'aurait déjà trouvée.

7.- Prouvez qu'elle n'est pas nouvelle.

Si vous parvenez à donner à l'idée qu'on vous soumet un air de parenté
suffisant avec une autre déjà connue, le fait que celle-ci soit meilleure
pourra passer inaperçu.

8.- Faites observer qu'elle ne va pas avec la politique de la compagnie.

Comme personne ne sait ce qu'est cette politique, vous ne risquez pas d'être
contré.

9.- Parlez de ce qu'elle va coûter.

Le fait que l'économie escomptée soit six fois plus importante sombrera dans
l'insignifiance ; après tout, c'est de l'argent imaginaire et la dépense, elle,
est bien réelle. Mais gare aux propositions qui ne coûteraient rien ; il y en
a, mais vous pouvez quand même les exterminer en faisant valoir qu'une idée
qui ne coûte rien ne saurait valoir quelque chose.

10.- Faites le coup du  « nous avons déjà essayé ça »

C'est surtout efficace quand l'offensive vient d'un nouveau venu, ça lui fait
sentir qu'il n'est pas encore « au courant » ; quand il le sera cette parade
deviendra inutilisable.

11.- Sachez jeter la douche.

Des commentaires comme : « N'est-ce pas un peu farfelu ? » « Une telle
sophistication nous est-elle bien utile ? » ou « Gardons nous d'avoir trop de
prétentions », vous vaudront d'être approuvé et soutenu par vos collègues.
Rares sont les propositions qui survivent à une telle désapprobation
collective.

12.- Trouvez une contre-proposition pour bloquer l'autre

C'est un moyen dangereux, à n'employer que si vous êtes un homme d'expérience;
autrement, vous risqueriez de vous retrouver avec votre proposition sur les
bras.

13.- Trouvez vingt raisons pour que ça n'aille pas.

Vous serez sûr que, de cette manière, la seule bonne raison pour laquelle « ça
irait » passera au bleu.

14.- Modifiez la proposition au point qu'elle en périsse.

La méthode est élégante. Elle berce le délictueux auteur de la suggestion
d'une fallacieuse impression de sécurité. Vous avez l'air de l'aider à faire
prendre corps à son idée, en lui apportant quelques retouches çà et là. « Ne
pourrions-nous pas faire ceci ou cela ? Bien entendu, vous devriez revoir
certaines choses ici et là ». Au moment où il se réveille, son idée est dans
le lac.

15.- Semez le doute sur la paternité de l'idée.

« N'aviez vous pas fait, Pierre, la dernière fois, une suggestion analogue à
celle de Jacques ? ». Tandis que tout le monde recherchera quel est le premier
à y avoir pensé, l'idée peut expirer faute d'attention.

16.- Condamnez-la par association d'idées.

Si vous parvenez à l'associer, de si loin que ce soit, à la bête noire de
quelqu'un, vous aurez gagné la partie.
Tournez-vous vers le président de séance et dites-lui d'un air détaché :
« C'est tout à fait le genre d'idée que Paul aurait pu avoir. »
Vous, vous savez quelle est son aversion pour Paul qu'il a, d'ailleurs,
congédié ; mais l'auteur de la proposition, qui n'en sait rien, se demandera
longtemps quelle mouche l'a piqué.

17.- Tâchez de l'éplucher pour la mettre en pièces.

Si vous pouvez manipuler une idée suffisamment longtemps, il finit par n'en
rester que des débris.

18.- Livrez-vous à une attaque personnelle contre le père de l'idée.

Le temps qu'il s'en remette, il ne se souviendra plus de l'avoir jamais eue.

19.- Gagnez par la technique du knock-out.

Il y a plusieurs manières de s'y prendre. Deux exemples suffiront :
- prétendez qu'elle enfreint quelque obscur règlement. Nul ne s'apercevra que
le texte en question a été édicté en vue de réglementer l'importation des
cacahouètes de Bangkok à l'époque de la guerre serbo-croate qui remonte à
1902, et qu'il n'a donc rien à voir avec ce dont il s'agit.
- Servez-vous de la technologie comme d'une matraque. Dites par exemple, que
pour faire çà, il faudrait un oscillographe à pulsations couplé à un
interféromètre hémisphérique et que dans ce cas il y aurait dans le premier
rhéostat une rétroaction négative, indésirable bien sûr ».

20.- Remettez à plus tard la décision.

Si vous n'arrivez pas à tuer la proposition dans l'ouf, lanternez. De délai en
délai, elle apparaîtra défraîchie et en partie usée à celui-la même qui l'a
avancée.



21.- Chargez un comité d'examiner la suggestion.


22.- Encouragez son auteur à chercher une meilleure idée.

Si la première est bonne, ce sera difficile, probablement long et
décourageant. Et s'il en trouvait une, il vous resterait toujours la ressource
de le promouvoir à un autre poste.



ATTENTION CECI PEUT ÊTRE UTILISE A DOUBLE FIN.

- Si vous êtes un novateur militant, entouré d' « affreux conservateurs »,
envoyez une copie de ce papier (moins cet avertissement, il s'entend) à tous
les sclérosés adversaires du progrès qui se trouvent dans votre entreprise.
Ainsi les priverez-vous de faire usage des méthodes favorites des négativistes
invétérés. Vous les ferez grincer des dents ; il se peut qu'ils partent ou
qu'ils en fassent une jaunisse, mais peut-être aussi qu'ils apprennent à dire
oui. Ce qui est certain, c'est que leur pouvoir d'obstruction sera compromis à
jamais.

- Si, au contraire, vous êtes le seul rempart du bon sens qui empêche des
 aventuristes » de mener votre entreprise à la faillite par de ruineuses et
folles innovations, prenez soin de garder cet écrit pour vous. Étudiez le bien
et conservez-le en mémoire. Vous serez équipé pour torpiller toute suggestion
d'où qu'elle vienne, en choisissant la technique de liquidation adéquate avec
la nonchalance d'un joueur de golf choisissant son « club ».



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